Un chapitre se tourne dans cette rubrique « Mes disques de A à Z » puisque nous voilà à la lettre « B ». Une lettre qui, en passant par les Beatles et Bowie, va nous permettre de croiser quelques chefs d'œuvre britanniques. Pour inaugurer cette deuxième initiale, remontons à 2007 et au 2ème album des Babyshambles de Pete Doherty, « Shotter's Nation ».
C'est plus la curiosité que l'envie qui m'a poussé vers cet album à la pochette de film noir de série B je dois avouer. En effet, je n'ai jamais été client des Libertines et Pete Doherty est responsable du plus mauvais concert que j'ai vu de ma vie (celui de Carlos auquel j'ai assisté à 8 ans restant hors concours). De plus, j'ai la tenace impression que les frasques de tous ordres de Doherty ont toujours constitué la principale raison de sa médiatisation, plus que ses prestations et productions artistiques. Cet album donne l‘occasion de le vérifier.
Il n'est pas inutile de préciser que Stephen Street est aux manettes, le Stephen Street producteur des Smiths. Il concocte pour l'album un son à la fois propre et suffisamment mal peigné pour accompagner un Doherty la morve au nez. Il faut bien le dire, ce sont bien les guitares rythmiques aux riffs un peu cradingues et parfois accrocheurs ainsi que la voix déglinguée de Doherty qui tiennent la baraque. Mais cela ne suffit pas toujours. Tout au long de l'album, les références illustres s'entendent nettement, depuis les Kinks jusqu'aux Clash, en passant par Les Specials ou les Undertones. Les Babyshambles restent dans cette tradition hyper british d'un rock de sales gosses irrespectueux mais sans jamais égaler les groupes cités. S'inscrire dans une tradition est nécessaire mais c'est pour mieux la dépasser, l'actualiser et en faire oeuvre personnelle ce que ne parviennent pas à faire ici Doherty et compagnie, ce que Doherty lui-même n'a, à mon sens, jamais réussi d'ailleurs.
Attention, rien d'indigne non plus tout au long de ces 12 titres qui oscillent entre le très bon - comme par exemple « Carry Up On The Morning » et surtout « Delivery » et « You Talk » placés en podium d'introduction - et le banal.