Il est des disques longs en bouche, qui mettent un certain temps à trouver une place dans notre esprit, à y être reconnus et considérés comme familiers. Et puis il y a les autres, ceux qui donnent l’impression après la première écoute qu’ils ont toujours été là, qui ont la force de l’évidence de leurs chansons, qui prennent une place qu’elles ont, semble-t-il, toujours occupée. « Collapsed In Sunbeams » le premier album de l’anglaise Arlo Parks fait assurément partie de la deuxième catégorie.
Les 12 morceaux qui le composent s’imposent sans coup férir et vont, sans aucun doute, réunir à la fois le grand public et l’amateur le plus exigeant.
Anaïs Oluwatoyin Estelle Marinho, alias Arlo Parks, inconnue au bataillon jusque-là, à part 2Ep remarqués l’an dernier, a grandi à Londres mais ses origines sont multiples entre sa mère française et ses ascendances nigériane et tchadienne. Sa première passion fut l’écriture poétique, ce qui transparait aujourd’hui dans les textes ciselés de ses chansons. Quand on sait qu’elle n’est âgée que de 20 ans, on est sidéré par la maturité qui se dégage de ce disque, qui semble l’œuvre d’une longue expérience. Et pourtant…
Ses textes reflètent l’observation de son quotidien qu’elle prend en notes régulièrement. Elle raconte ce qui fait la vie des gens de son âge aujourd’hui : la solitude, les errances quant à l’orientation sexuelle dans « Eugene », le désir, les ravages de la drogue et l’alcool comme dans le somptueux « Hurt », « Charlie drank it till his eyes burned then forgot to eat his lunch » mais également la dépression à travers le non moins magnifique « Black Dog » - comme W. Churchill parait-il, nommait ce mal contre lequel il se battait – « It’s so cruel what your mind can do for no reason ». La tonalité est donc assez sombre mais l’écrin musical qui accueille ces textes mélancoliques est une splendeur, une bulle de beauté calme et sereine.