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Depeche Mode qu'en est-il du nouvel album « Memento Mori » ?

Rédaction : Christophe Billars le 12 avril 2023

6 ans déjà depuis « Spirit » le dernier album rageur du mythique groupe de Basildon, un album à l’image de ce que proposent les Depeche Mode depuis approximativement « Playing the angel » (2005) en passant par « Sounds of the universe » (2009) et « Delta machine » (2013), à savoir des albums jamais indignes, contenant toujours des morceaux passionnants – en particulier sur les 2 premiers – mais aussi toujours inégaux, dont on se dit qu’ils auraient pu être dégraissés, abrégés. Cependant la bonne partie de ces disques fait que la sortie d’un nouvel album de Depeche Mode n’est jamais anecdotique.

 

Et ce « Memento Mori » nouveau récompense la confiance jamais trahie en Gahan et Gore. Sans conteste le meilleur album du groupe depuis « Exciter » (2001) voire « Ultra » (1997), il renoue avec une simplicité, une épure d’arrangements somptueux et très synthétiques. Les textures sonores d’une grande richesse sont parfois enveloppantes, parfois plus abrasives. L’esprit du Depeche Mode des 80’s n’est pas loin même si désormais, la mélancolie et une noirceur magnifiques prennent le pas sur l’aspect dansant des morceaux. D’ailleurs plusieurs titres portent la trace d’anciens morceaux de l’époque : « People Are Good » évoque « People Are People », « Never Let Me Go » renvoie à « Never Let Me Down Again ». Mais que l’on ne s’y trompe pas, pas de nostalgie rance ici, les sonorités sont on ne peut plus actuelles et « Memento Mori » est un album d’aujourd’hui sans conteste. Martin Gore a avoué lui-même avoir été en panne d’inspiration ces dernières années, ce qui explique la présence de Richard Butler des Psychedelic Furs aux crédits d’un bon nombre des titres de l’album. Avec James Ford à la production et à la batterie, l’équipe est au complet. Les titres ont été écrits avant le décès d’Andrew Fletcher dont le nom hante évidemment tout l’album qui lui est dédicacé. Le titre « Memento Mori » signifie littéralement « Souviens-toi que tu es en train de mourir / que tu vas mourir »   et l’évocation dans la pochette intérieure d’une vanité par la présence d’un crâne confirme que le thème de la mort est omniprésent.

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Évacuons de suite l’épine dans le pied de « Memento Mori », le titre qui fait tache et dont on a du mal à comprendre la présence. Il s’agit de « Soul With Me » placé au cœur de l’album qui a pourtant une qualité, celle, même si on le savait déjà, de mettre en évidence à quel point Dave Gahan est un grand chanteur sans lequel Depeche Mode n’aurait jamais été Depeche Mode. En effet, « Soul With Me », une soupe indigeste et boursouflée est interprétée par Martin Gore et la comparaison fait hurler. Dave Gahan fait partie de ces rares chanteurs (Bowie, Morrissey,  ..)  capables de magnifier un titre, d’en extraire l’essentiel pour l’emmener au plus haut. Gore fait certainement de son mieux et se fait plaisir mais il n’empêche que « Soul With Me » est la verrue du disque.

Mais le reste est irréprochable. Depuis combien de temps Depeche Mode n’avait pas ouvert un album par un diamant noir du calibre de « My Cosmos Is Mine » ? Bourré de textures sonores électroniques et sombres, porté par la voix d’un Dave Gahan au sommet, le titre est plus-que-parfait, envoûtant à souhait. « Wagging Tongue » sonne comme un futur classique du groupe et réalise le rêve d’un duo fantasmé entre Depeche Mode et Kraftwerk tant les arrangements s’inspirent des pionniers allemands.

Nombreux sont ceux qui connaissent déjà le single « Ghosts Again » qui nous a mis en appétit avant la sortie de l’album. Mise en bouche idéale, il était déjà le meilleur titre de Depeche Mode entendu depuis des lustres avec sa pulsation, ses traits de synthétiseur et la mélodie mélancolique et magnifique. On ne s’en lasse pas et surtout pas dans cette version.

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« Don’t Say You Love Me » sombre balade envoutante ne dépareille pas. Dave Gahan encore une fois y est parfait. « My Favourite Stranger » strié de guitares et claviers vénéneux entame de façon idéale la face 2. « Caroline’s Monkey » entre pulsations basses et nappes aériennes est un autre joyau et se révèle très vite comme un des grands titres du disque. Disque qui d’ailleurs ne faiblira plus jusqu’à son terme. C’est même l’excellence que tutoie « People Are Good », immense titre placé en début de face 3, véritable poison qui s’insinue dans la tête, au son noir et martial.

« Always You » apporte, tout est relatif, un peu d’air par ses sonorités plus légères et décolle sur un refrain chanté par un Gahan impérial. « Never Let Me Go » est une tuerie, une horloge réglée à la perfection qui nous transporte directement dans les 80’s. Gahan s’y fait plus agressif épousant les guitares acides qui zèbrent le morceau. On termine comme on a commencé. « Speak To Me » est une perle noire en apesanteur. Gahan fait un grand numéro sur presque rien, quelques nappes éthérées et belles à pleurer qui se superposent et s’achèvent en un bruit d’apocalypse. La classe intergalactique.

Impossible de bouder son plaisir. Qu’un groupe vieux de 40 ans, couronné de succès, revenu de tous les excès puisse aujourd’hui proposer un tel album est assurément admirable. « Memento Mori » fera date dans leur immense carrière et je ne peux qu’être impatient, billet en poche, dans la perspective de les retrouver le 31 mai à Lyon en chair et en os.

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Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


Commentaires
  1. Yandm22   Sur   14 avril 2023 à 16 h 31 min

    De mon point de vue, c'est "caroline's monkey" que je trouve déconcertant, je n'accroche pas... tout le reste, c'est du nectar... Quelle claque depuis le (décevant) Spirit ! Signé : un fan quadra depuis l'immense "Violator".

  2. David   Sur   13 avril 2023 à 14 h 11 min

    Je suis d accord avec Olivier.cet album est un véritable chef d œuvre. Spirit m avait déçu. Mais cet album est sublime, à part"My favourite stranger" qui gache l album.

    • DHM   Sur   13 avril 2023 à 22 h 26 min

      Il faut vraiment plusieurs écoutes pour apprécier. Pour moi, 9 titres excellents et 3 médiocres(my favorite stranger, Carolyne monkey et Before we drown) qui auraient pu être écartés au profit d'un titre musical réussi...
      Signé d'un David, également

  3. Léger   Sur   12 avril 2023 à 23 h 44 min

    Bravo pour votre analyse. Pour ma part,on titre préféré est Nerver let me go. Une fan depuis 1984. J'avais 14 ans.

  4. Olivier Thibaut   Sur   12 avril 2023 à 18 h 01 min

    Bonjour, bonne critique à 70 % : vous avez oublié la meilleure chanson de l'album: Before We Drown ! De plus ce chef d'œuvre a été co-écrit par Dave Gahan ! En outre pas d'accord avec vous concernant Soul With Me, l'ironie et le traitement années 70 de cette chanson sur l'heure venue de la fin et ses paroles sans équivoque sont vraiment exceptionnelles. My Favourite Stranger est la seule chanson la moins forte de ce nouveau bijou de DM.
    Cordialement,

Commentaires fermés.