Saint-Etienne – The Night
Mes plus anciens souvenirs d'enfance liés au football sont, et je ne suis pas le seul, le résultat de l'incroyable épopée européenne des Verts de l'AS Saint-Etienne. Bien qu'amateur de ce sport depuis toujours, je ne suis pas sûr d'avoir ressenti aussi fort des émotions footballistiques qu'à cette époque où les matchs à la télé étaient rares et donc précieux. Il en va de même d'ailleurs pour les albums que, quoi qu'on en dise, on ne vit plus jamais aussi intensément qu'adolescents. Quoiqu'il en soit, et pour rassurer ceux qui me voient ainsi m'égarer, je retombe sur mes pattes. Je ne pouvais pas ignorer le nouvel album de Saint-Etienne, trio londonien, né à l'aube des 90's, et qui choisit son nom en hommage à la fameuse campagne européenne de Larqué et Cie. Même si sa production s'est ralentie ces dernières années, le groupe, emmené par Sarah Cracknell, n'a jamais, depuis l'inaugural et encensé "Foxbase Alpha" (1991), cessé ses activités. Tant et si bien que voici "The Night", 11ème - si l'on ne compte pas les EP dont "Reserection" (1995) avec Etienne Daho - et superbe album du trio.
"Nous avons essayé de retranscrire cet état qui se situe entre l'éveil et le sommeil, cet espace de rêves, avec des pensées à moitié oubliées qui dérivent, des morceaux de dialogues télévisés, des bruits de rue ou de terrain de football oubliés" dixit Bob Stanley, cofondateur du groupe. À chacun de juger s'ils y sont parvenus mais les moyens employés par le trio produisent un résultat somptueux proche en effet d'une forme de déambulation onirique et nocturne. L'album est assez court et constitué de 14 morceaux enchaînés qui n'en forment pour ainsi dire qu'un seul, basés principalement sur de soyeuses nappes ambient qui lui confèrent son aspect méditatif voire contemplatif. Tout au long du disque, reviennent des bruits de pluie, de conversations, de portes qu'on ouvre. Cependant, jamais on ne s'ennuie car Saint Etienne n'oublie pas, à travers la voix de Sarah Cracknell, le côté pop de ses chansons. Cette dernière murmure, parle, chuchote ou chante langoureusement, enveloppant l'auditeur dans un cocon cotonneux. Le son, soigneusement sculpté, est agrémenté de guitares cristallines, de cordes, de claviers, de basses aussi rondes que discrètes mais, à part quelques percussions, pas de rythmes sur cet album. Alternant les morceaux chantés tels "Half Light", le magnifique "Nightingale" ou instrumentaux comme "Through The Glass" ou "Celestial", le groupe propose ici un voyage quasi sensoriel, apaisant, passionnant dans ses moindres détails.
Alors qui c'est les plus forts ? Évidemment c'est …. Saint Etienne !