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En 4ème vitesse, les albums sortis en décembre 2024

Rédaction : Christophe Billars le 2 janvier 2025

Retour sur notre sélection des sorties d'albums du mois de décembre 2024.

Du rap de PLK "J'Arrive froid comme le mois de décembre / Froid comme voir une descente" (Décembre - 2023), en passant par la pop dark de Marc Seberg "Pour Lui plus rien mais le vide / Quelques cendres en Décembre" (Décembre – 1985 – sur l'album "Lumières & trahisons") - je ne m'attarderai pas sur Roch Voisine – voilà encore un mois qui a inspiré nos artistes hexagonaux.

Mais le frimaire révolutionnaire se retrouve aussi chez Weezer avec "December" sur l'album "Maladroit" (2002) et les écossais de Teenage Fanclub avec leur merveilleux "December" à eux sur "Bandwagonesque" (1991). Et ce ne sont que quelques exemples. Dès 1965 les Stones nous l'avaient annoncé, nous sommes tous les "December's children" alors entamons ce dernier mois de 2024 dans l'allégresse et passons en revue quelques albums qui font l'actualité.

kendrick lamar gnx

Kendrick Lamar – GNX

Les rappeurs ricains et les bagnoles c'est quand même toute une histoire mais la pochette du nouvel album du King Kendrick Lamar "GNX" déjoue les clichés avec son noir et blanc, la pose sobre de son auteur les mains dans les poches, loin de la frime exhibitionniste qu'on a trop eu l'habitude de voir chez d'autres.

Bon Kendrick s'est payé une Buick GNX, il est content, tant mieux pour lui mais on s'en fout. Du conflit ultra médiatisé et pitoyable qui l'oppose à Drake on se contrefout également. Mais quand cela donne un titre tel que "Not Like Us", énorme tube on ne s'en fiche pas. Ni du disque surprise qui vient de sortir. Je ne suis ni un amateur, ni un fin connaisseur en matière de rap mais ce "GNX" est une bombe.

Tout au long des 12 titres qui composent l'album K. Lamar va à l'essentiel, produisant un rap West Coast dégraissé et ultra efficace. Pourtant la tension est là dès "Wacced Out Murals" où les paroles suintent la haine et le désir de vengeance alors que résonnent des sirènes lugubres. Mais avec les formidables "Squabble Up", "TV Off", "Peckaboo" ou sur "Reincarnated" et sa boucle de piano, le flow élastique du rappeur fait merveille sur des beats nerveux. Il sait aussi ralentir le rythme comme sur "Man In The Garden" qui pourrait être du Massive Attack ou "Dodger Blue" et sa basse ronde qui emporte le morceau sans peine. "Luther" est une belle ballade R'n'B et "Gloria" s'inspire de la soul et ferme l'album en beauté. Absolument parfait en voiture, l'album glisse tout seul, pour un peu on se croirait sur les freeways de Los Angeles. Fermez les yeux.

father john misty mahashmashana

Father John Misty – Mahashmashana

Joshua Michael Tillman est barbu et américain. Après avoir fait partie des merveilleux Fleet Foxes en tant que batteur, entamé une carrière solo, c'est finalement sous le nom de Father John Misty qu'il se fait connaître en particulier avec l'album "Pure Comedy" (2017).

"Mahashmashana" est son 6ème album et c'est une vraie réussite. L'album est très homogène dans ses influences très 70's qui lorgnent sur le soft rock. Tillman a ici collaboré avec Jonathan Wilson, brillant guitariste qui en plus de mener une carrière solo est aussi le guitariste attitré de Roger Waters. Je me suis renseigné sur ce titre mystérieux qui signifierait "Grande terre de crémation du corps et de l'univers" en sanskrit. En effet, la tonalité assez sombre de l'album et les thèmes de fin du monde qui y sont évoqués entrent en résonance avec celui-ci.

8 titres seulement sur l'album mais qui dépassent tous les 4 minutes et peuvent même s'étirer, comme l'exceptionnel titre-éponyme qui ouvre les hostilités, au-delà des 9 minutes. "Mahashmashana" - la chanson - est un bijou ample et orchestré qui rappelle le George Harrison période "All Things Must Pass" (1970) avec qui il partage, outre le son grandiloquent, un côté mystique. Le morceau est envoûtant, d'une beauté qui fait frissonner. C'est à coup sûr un des sommets de l'album avec l'autre morceau très long intitulé "I Guess Time Just Makes Fools Of Us All" plus groovy avec sa rythmique funky, ses giclées de cuivres, son break de percussions, un peu comme si Leonard Cohen avait pris des excitants et s'essayait à faire danser son public. Entre autres grandes réussites on trouve également "Josh Tillman And The Accidental Dose", sublime ballade country-rock mid-tempo au piano dominant et aux envolées de cordes façon "Melody Nelson" de notre Gainsbourg national bien sûr. On ne ratera pas non plus "She Cleans Up", titre rock fiévreux, au saxo barré et à l'inspiration Dylanienne dans la manière de balancer des paroles à rallonge. On a la curieuse impression sur le refrain d'entendre un décalque du "I Can't Dance" de Genesis. La ballade langoureuse "Mental Health" vaut également le détour dans son écrin de cordes, son saxo discret dans la veine d'un classic rock 70's. On passera par contre sur le ventre mou de l'album qu'est l'ennuyeux et pesant "Screamland" un peu trop épais sur les refrains. On peut trouver idéale "Summer's Gone" pour clore l'album ou au contraire être un peu indisposé par cette ballade un peu sirupeuse pleine de cordes mélodramatiques mais il serait dommage de ne pas passer l'hiver avec "Mahashmashana" qui vous réchauffera l'âme et le corps.

saint etienne the night

Saint-Etienne – The Night

Mes plus anciens souvenirs d'enfance liés au football sont, et je ne suis pas le seul, le résultat de l'incroyable épopée européenne des Verts de l'AS Saint-Etienne. Bien qu'amateur de ce sport depuis toujours, je ne suis pas sûr d'avoir ressenti aussi fort des émotions footballistiques qu'à cette époque où les matchs à la télé étaient rares et donc précieux. Il en va de même d'ailleurs pour les albums que, quoi qu'on en dise, on ne vit plus jamais aussi intensément qu'adolescents. Quoiqu'il en soit, et pour rassurer ceux qui me voient ainsi m'égarer, je retombe sur mes pattes. Je ne pouvais pas ignorer le nouvel album de Saint-Etienne, trio londonien, né à l'aube des 90's, et qui choisit son nom en hommage à la fameuse campagne européenne de Larqué et Cie. Même si sa production s'est ralentie ces dernières années, le groupe, emmené par Sarah Cracknell, n'a jamais, depuis l'inaugural et encensé "Foxbase Alpha" (1991), cessé ses activités. Tant et si bien que voici "The Night", 11ème - si l'on ne compte pas les EP dont "Reserection" (1995) avec Etienne Daho - et superbe album du trio.

"Nous avons essayé de retranscrire cet état qui se situe entre l'éveil et le sommeil, cet espace de rêves, avec des pensées à moitié oubliées qui dérivent, des morceaux de dialogues télévisés, des bruits de rue ou de terrain de football oubliés" dixit Bob Stanley, cofondateur du groupe. À chacun de juger s'ils y sont parvenus mais les moyens employés par le trio produisent un résultat somptueux proche en effet d'une forme de déambulation onirique et nocturne. L'album est assez court et constitué de 14 morceaux enchaînés qui n'en forment pour ainsi dire qu'un seul, basés principalement sur de soyeuses nappes ambient qui lui confèrent son aspect méditatif voire contemplatif. Tout au long du disque, reviennent des bruits de pluie, de conversations, de portes qu'on ouvre. Cependant, jamais on ne s'ennuie car Saint Etienne n'oublie pas, à travers la voix de Sarah Cracknell, le côté pop de ses chansons. Cette dernière murmure, parle, chuchote ou chante langoureusement, enveloppant l'auditeur dans un cocon cotonneux. Le son, soigneusement sculpté, est agrémenté de guitares cristallines, de cordes, de claviers, de basses aussi rondes que discrètes mais, à part quelques percussions, pas de rythmes sur cet album. Alternant les morceaux chantés tels "Half Light", le magnifique "Nightingale" ou instrumentaux comme "Through The Glass" ou "Celestial", le groupe propose ici un voyage quasi sensoriel, apaisant, passionnant dans ses moindres détails.

Alors qui c'est les plus forts ? Évidemment c'est …. Saint Etienne !

the national rome

The National - Rome

Pour terminer cet article et l'année, une fois n'est pas coutume, voici un live enregistré en juin 2024 à Rome qui vient de sortir. Il s'agit de "Rome" du groupe de Matt Berninger et des frères Dessner ; The National.

Depuis déjà presque 25 ans et 11 albums, le groupe originaire de Cincinnati aux USA, suit une trajectoire en tous points exemplaire. Parti du rock indé, The National remplit aujourd'hui les plus grandes salles du monde sans jamais s'être renié ni avoir fait quelques concessions artistiques que ce soit, à l'instar d'un R.E.M par exemple, dont le groupe assura plusieurs fois la première partie dans les années 2007/2008. On retrouve donc logiquement ici, dans ce live de 21 morceaux en forme de best of, des titres de toutes les époques depuis "Murder Me Rachael" extrait du 2ème album "Sad Songs For Dirty Lovers" (2003) jusqu'aux splendeurs des derniers albums comme « New Order Tee Shirt » extrait de « First Two Pages of Frankenstein » (2023).

Les standards du groupe « Boxer » ; « Fake Empire » ; « Bloodbuzz Ohio » et j'en passe défilent ainsi que d'autres titres moins connus. Cependant si vous souhaitez découvrir The National, ce live constitue une excellente porte d'entrée. Vous y retrouverez des musiciens de haute volée et un chanteur dont la voix est devenue reconnaissable entre mille, élément hyper constitutif du son du groupe. Ballades poignantes, cavalcades agrémentées de cuivres, public fiévreux tout y est. Un regret peut-être, que ces titres ne se démarquent pas plus parfois des versions studio mais ne faisons pas la fine bouche.

Il est temps de souhaiter à tout le monde une belle et heureuse année 2025. Nous nous retrouvons l'année prochaine qui, je l'espère sera riche en sorties d'albums. Nous en ferons le tour « En 4ème vitesse » bien entendu.

Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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