Voici une nouvelle série d’articles intitulée « Les archives de Daniel Lesueur », qui proposera régulièrement des textes rares, précieux ou oubliés du journaliste et auteur musical bien connu des passionnés de rock. À travers cette série, nous vous invitons à (re)découvrir les histoires de la musique rock, racontées avec la passion, la rigueur et le style unique de Daniel Lesueur.
Fleetwood Mac : une longévité sans continuité
Rédaction : Daniel Lesueur le 6 avril 2025
Fleetwood Mac : une longévité sans continuité
Ça a toujours bougé, chez Fleetwood Mac. Le nom du groupe vient de celui du batteur, Mick Fleetwood. Homme à tout faire car dans le futur il tiendra également la basse et les claviers. A l'origine strictement bluesy, le groupe né en 1967 connaît un succès inattendu avec un instrumental pop. Passer du statut de groupe underground à celui de rois du pop constituait déjà un profond changement. C'était loin d'être le dernier !
Fleetwood Mac, à l'origine, est dédié corps et âme au blues
Leurs deux premiers 33 tours sont numéro un des ventes dans leur propre pays. Mais ailleurs, le blues se vend médiocrement. Pour toucher un plus vaste public, le leader Peter Green compose un titre pop, "Albatross", un morceau instrumental auquel les Beatles se réfèrent ("Sun King" dans "Abbey Road"). Le disque fait un tabac monstrueux en Grande-Bretagne (n°1 en 1968 et, réédité, n°2 en 1973) et réalise une discrète percée en France.
Qui dit "hit" dit tournées, concerts, alcool et drogue
Le guitariste leader Peter Green, déjà psychologiquement fragile, "pète les plombs" de se retrouver n°1 au hit-parade ; il renonce à la célébrité et abandonne le groupe. Soigné en psychiatrie, il ne retrouvera jamais sa place au firmament des guitaristes rock. Il aurait pu toucher des droits d'auteur à vie, ne serait-ce que pour son "Black Magic Woman" repris par Santana, mais l'argent le répugne, au point qu'il tire au fusil sur l'agent qui venait lui porter son chèque de copyrights !
Le second guitariste, Jeremy Spencer, disparaît quant à lui en plein milieu de tournée pour faire retraite dans une secte, les Enfants de Dieu.
Le groupe, décapité, restera six ans en dehors des hit-parades.
La formation traverse une crise
John McVie ayant épousé Christine Perfect (membre fondateur de Chicken Shack, groupe de blues rival), celle-ci, en l'absence de Peter Green (qui jamais ne reviendra) s'incorpore à Fleetwood Mac. Un nouveau guitariste, Danny Kirwan, est engagé. Mais les différents membres ne parviennent pas à s'accorder et se tirent dans les pattes.
Le public nage en pleine confusion
En 1970, il existe deux Fleetwood Mac, deux groupes différents se produisant dans divers points des Etats-Unis. Des imposteurs ont été recrutés par leur premier manager, Clifford Davis, qui se considère autorisé à utiliser leur nom. S'ouvre alors un long procès. La formation, la vraie, ne se stabilisera et ne retrouvera le succès que cinq ans plus tard, avec un style et des musiciens (presque) tous différents.
Les "vrais" Fleetwood Mac, héros malheureux, ont quitté définitivement l'Angleterre
Les époux John et Christine McVie s'installent à Los Angeles, paradis des musiciens. Ils sympathisent avec deux inconnus talentueux, Stevie Nicks et Lindsey Buckhingam. Le couple se joint aux McVie et surtout insuffle un sang neuf à Fleetwood Mac, un son nouveau au résultat fulgurant. Ce mélange de "vieux" musiciens anglais et du jeune duo américain produit l'étincelle qui porte Fleetwood Mac, d'abord aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, au sommet des hit-parades.
Les années fastes
Ils vendent cinq millions d'exemplaires du 33 tours éponyme "Fleetwood Mac" (1975), dix millions d'exemplaires à sortie rien qu'aux Etats-Unis du suivant, "Rumours" (1977) qui en est aujourd'hui, avec ses multiples rééditions, à au moins 35 millions. Arrivés au sommet, encore doivent-ils y rester. Les disques suivants se vendent encore fort honorablement mais déconcertent parfois ("Tusk", un double 33 tours qui aurait gagné à proposer moins de chansons mais mieux sélectionnées), "Mirage"... pour reconquérir un public déstabilisé, ils jouent la facilité avec un double album en concert, "Fleetwood Mac live", qui remplit les bacs des disquaires au moment où le groupe est séparé.
Retour de flamme
Un regain d'intérêt de la part du public américain coïncide avec l'élection de Bill Clinton en 1992 : il avait choisi leur tube "Don't Stop" comme thème de campagne. Les revoilà partis en tournée, et de retour pour enregistrer de nouveaux disques. Comme chez Abba, le groupe est constitué de deux couples (John et Christine McVie, Stevie et Lindsey) dont les histoires d'amour arrivent en fin de course. D'ailleurs, Christine en 2002 décrète qu'elle en a marre de la musique et quitte le groupe. L'album de 2003, "Say You Will" (intéressant au demeurant) regorge de chansons dont le thème tourne autour de la rupture des couples et de la fin des amours.
Après le dernier album studio de Fleetwood Mac, composé de nouvelles chansons originales "Say You Will", sorti en 2003, le groupe a principalement publié des compilations et des albums live. Par exemple, en 2018, ils ont sorti "50 Years – Don't Stop", une compilation célébrant leur 50e anniversaire . Plus récemment, en septembre 2023, ils ont publié "Rumours Live", un album live enregistré en 1977 lors de la tournée "Rumours"
Photo couverture : Steffane Lui
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Auteur infatigable, journaliste de la presse musicale, homme de radio, collectionneur passionné, producteur d'artistes...