Fontaines D.C. - "Romance" : L'album qui propulse le groupe au rang de stars du rock

Voici l'album dont tout le monde parle, sur lequel tout le monde déverse un concert de louanges qui déferlent sur les irlandais de Fontaines D.C.

Il s'agit de leur 4ème album depuis « Dogrel » (2019), véritable coup de poing Rock'n'Roll et révélation de cette décennie naissante.

Depuis, que ce soit avec « Hero's Death » (2020) et surtout « Skinty Fia » (2022), la bande de Grian Chatten n'a jamais démenti son statut de nouveau/futur grand groupe, comme le Royaume-Uni sait nous en fournir régulièrement. Leurs performances intenses sur scène n'ont fait que renforcer leur position désormais incontournable. Il est vrai que leur rock aux accents post punk, empreint d'une noirceur intense et habitée a de quoi convaincre les plus réticents.

Cependant j'avoue en ce qui me concerne, n'avoir pas toujours été totalement convaincu sur tout un album. Autant certains morceaux prennent aux tripes, décochant de véritables uppercuts, autant j'ai toujours eu l'impression d'une certaine lassitude sur la durée à l 'exception de l'énormissime « Skinty Fia » (2022) sur lequel le groupe affichait déjà des progrès évidents. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant si finalement mon album préféré est celui de leur chanteur charismatique Grian Chatten qui, l'an dernier avec « Chaos For The Fly » (2023) s'essayait à l'exercice en solo. Il en résultait un disque plus apaisé, plus acoustique, peut-être plus mature et en tous points excellent. En témoigne la sublime ouverture qu'est « The Score ».

C'est curieusement de la voix de Grian Chatten que vient la lumière qui entonne pourtant « Into The Darkness Again », les premiers mots de la chanson. L'introduction tout en sons vrillés et en apnée pourrait laisser penser que le titre suivant « Starbuster » va rester dans cette ambiance noire. Cependant c'est une bombe à retardement dont on n'a pas fini de subir la déflagration. Grian Chatten scande ses paroles comme si sa vie en dépendait sur un rythme puissant, martial et implacable, ponctué d'inhalations quasi monstrueuses. Et pourtant le groupe ménage aussi au cœur du morceau des moments d'apaisement, de calme, avant de renvoyer la sauce.

« Here's The Thing » est un grand titre pop avec son motif de guitare lancinant, son refrain prêt pour être repris en choeur dans les stades par un public en transes. Peut-être le premier vrai tube mainstream du groupe sans que cela n'ait pour moi rien de péjoratif. « Desire » qui vient ensuite ressemble à la chanson que U2 n'est plus capable de faire depuis 30 ans. Sur un tapis de cordes tordues, le morceau monte en intensité, dans une atmosphère presque shoegaze tant l'air est saturé de sons de claviers variés, de choeurs, de guitares qui prennent tout l'espace. La simplicité, la lumière qui émane de « In The Modern World » qui suit n'en est que plus vibrante. Immense chef d'œuvre, peut-être le sommet du disque, le morceau est un pourvoyeur de frissons garanti. Chatten réalise un numéro de chanteur de classe internationale, les choeurs sont en platine, la mélodie vous fera pleurer.

« Bug » qui termine à haute altitude cette face 1 plus-que-parfaite, montre à quel point désormais les Fontaines D.C savent écrire de grandes chansons pop, à l'évidence immédiate, comme si c'était simple.

Des choeurs tournoyants mis en boucle ouvrent « Motorcycle Boy », accompagnés par une guitare acoustique. Tout en tension rentrée qui n'explose jamais, le morceau semble immobile si ce n'était ces micro-variations qui font monter l'intensité : des roulements de batterie, des choeurs. De l'art de faire beaucoup avec peu. Avec « Sundowner » on serait presque chez Slowdive tant le climat y est aérien voire éthéré. Des choeurs venus de la dream pop répandent de la ouate sur des guitares acoustiques, les voix se répondent dans les nuages, tout est léger. Un bel exemple de cette évolution du groupe qui se risque brillamment dans des contrées jamais explorées auparavant. « Horseness Is The Whatness » se déroule sur un tapis soyeux de cordes que vient briser de temps en temps une batterie pleine d'échos juste avant que « Death Kink » rebranche l'électricité pour un titre qui pourrait être tiré de « Skinty Fia », plein de tension, court, sombre et intense : du Fontaines D.C pur jus. On termine aussi haut que ce que l'on a commencé avec « Favourite » parfaite en guise de chanson de fin de concert, en ultime rappel triomphal.

N'y allons pas par 4 chemins, « Romance » est d'ores et déjà un des grands albums de l'année, celui qui va permettre aux Fontaines D.C de remporter tous les lauriers, un album qui restera comme celui qui les aura fait passer de groupe indie majeur à l'étape suivante, celle des stars du rock. Espérons qu'ils ne s'y perdront pas.

Retrouvez les chroniques de Christophe Billars également sur son blog Galettes Vinyles