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Les albums sortis en janvier 2025

Rédaction : Christophe Billars le 31 janvier 2025

En 4ème vitesse, les albums sortis en janvier 2025

Et voilà ! « Une de plus en moins » comme dirait l'autre ! Bye-bye 2024 et bienvenue à 2025 en espérant qu'elle nous apporte son lot de bons albums - que dis-je « bons » - très bons même voire excellents.

Quoiqu'il en soit voici janvier qui se profile et qui n'est pas en position idéale, juste après les fêtes, pour les sorties d'albums. Ce premier mois n'a d'ailleurs pas si souvent inspiré les artistes. On retiendra tout de même le « January » de Disclosure sur l'album « Settle » (2013), sympathique exercice de soul électronique ou encore l'envoûtant « January 18th » de Beirut sur le récent « Hadsel » (2023). Par chez nous, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Jeanne Cherhal a écrit pour Johnny Halliday « Un Dimanche De Janvier », une balade guitares voix sur l'album « De L'amour » (2015) et c'est quand même mieux qu'« Allumer Le Feu » mais ça c'est pas difficile. Difficile aussi de faire pire que « Janvier/Décembre » du rappeur DAU sur l'album « États D'Âmes » (2024), qui déroule les habituels « Putes; J'men Bats Les Couilles ; ... » et autres lieux communs, culcul et mégalos. On lui préfèrera de très loin « Janvier » de Cielbleu, autre rappeur nettement plus agile de la plume sur son album « Janvier Jtm Quand Même » (2024) :
La morsure du froid m'agace
Une troisième péniche s'efface
Et j'devais taille avant la deuxième
Mais le cul sur les pavés
J'aime regarder les lumières de la ville, des gens qui s'aiment
Janvier j't'aime quand même

the human fear franz ferdinand

Franz FerdinandThe Human Fear

Moi aussi j'aime quand même janvier surtout avec LA sortie de ce début d'année qu'est le nouvel album de Franz Ferdinand « The Human Fear », qui éclipse tout le reste en terme de notoriété.
On se souvient bien évidemment de l'arrivée fulgurante des écossais sur le devant de la scène. C'était en 2004 et la bande d'Alex Kapranos nous prenait à la gorge avec des singles absolument imparables, bourrés d'énergie qui constituaient une bonne partie de leur premier album éponyme. Qui n'a pas retrouvé son adolescence sur ces hymnes que sont « Take Me Out » ou encore « Darts Of Pleasure », des titres à grimper aux rideaux et à enflammer les dancefloors, aux guitares brandies comme des étendards, redonnant des couleurs à un rock anglais alors en perte de vitesse? « You Could Have It So Much Better » (2005) transformait l'essai avec sa pochette aux airs de propagande staliniste et des titres comme autant de bombes que sont « This Boy » ou « Do You Want To ».
20 ans plus tard, à l'heure de la sortie de ce 6ème album et bien qu'ayant perdu quelques membres originaux, Franz Ferdinand est toujours là même si le groupe se fait plus rare. En effet, « The Human Fear » est le premier album, si l'on excepte un best of, depuis « Always Ascending » (2018). Ce dernier, produit par Philippe Zdar, avait vu l'introduction massive de synthétiseurs et de rythmes de guitares funk faire évoluer le son du groupe vers une pop plus électro, peut-être au détriment de l'urgence qui les caractérisait auparavant. Il manquait également des compositions marquantes, évidentes. Des années de silence ayant suivi, on pouvait logiquement être inquiet concernant l'avenir et l'inspiration du groupe.
Heureusement « The Human Fear » remet les pendules à l'heure sans renier les précédentes évolutions. Les synthétiseurs et les claviers sont bien présents mais les écossais ont opéré un rééquilibrage au profit des guitares tout au long des 11 titres qui constituent ce disque. Ainsi, les fans retrouveront les atmosphères et le style du Franz Ferdinand originel mais pas tout à fait. Le groupe semble avoir trouvé un chemin médian entre ses racines rock et des arrangements plus chiadés. Surtout, la qualité des compositions fait le reste. Peut-être avons-nous là ce qui est le meilleur album des écossais, en tout cas le plus homogène, le plus cohérent, même s'il n'est pas celui qui vous saute à la figure avec des singles incontournables. Quoique.
En effet, « Audacious » placé en première position a tout de l'hymne sec et nerveux, avec sa mélodie accrocheuse. Le titre va ensuite évoluer vers plus d'emphase, des choeurs et des guitares se superposant pour s'arrêter net. C'est toute la pop anglaise qui est convoquée ici, Franz Ferdinand se situant bien dans la lignée des grands aïeux. « So don't stop feeling audacious »

Mais la suite sera encore plus passionnante. « Everydreamer », son rythme métronomique, sa basse ronde et son clavier tournoyant se bonifie à chaque écoute. « The Doctor » part à toute berzingue rappelant l'énergie de la fin des 70's à l'explosion de la new wave. C'est un sprint en ligne droite qui donne envie de danser tout comme « Hooked » fait pour les dancefloors. Sur une boucle électronique entêtante et robotique, le groupe enchaîne son 4ème titre sans faux pas. Si vous ne tapez pas du pied, c'est que vous êtes malade. « Build It Up » ralentit le rythme mais ne baisse pas en qualité et semble capable d'entraîner tout le monde dans son sillage. Le piano bondissant de « Night Or Day » constitue la charpente de ce tube au refrain entêtant que même un synthé un peu pompier ne parvient pas à gâcher. La face A se termine ainsi et c'est peut-être la meilleure de Franz Ferdinand depuis leurs débuts.

La face B débute par « Tell Me I Should Stay» qui commence comme une musique de film, pleine de cordes et de mystères, puis prend de l'ampleur, se transforme en cavalcade. Alex Kapranos n'a jamais aussi bien chanté sur ce refrain majestueux et le groupe affirme ici sa grande ambition. « Cats » repart sur les chapeaux de roue avec ses airs de fanfare pop, « Black Eyelashes » est une bizarrerie comme si Alex Kapranos, se rappelant ses origines grecques avait voulu greffer du sirtaki sur des riffs rock. Ce n'est pas désagréable mais on lui préfèrera de loin le formidable « Bar Lonely » et ses « pa-pa-pa-paaaaa pa-pa-pa », son refrain tout en décontraction à hurler sous la douche. On termine par « The Birds » au riff de guitare lancinant et qui assume sa grandiloquence, terminant l'album dans un déluge (un peu trop) sonore.
Une chose est certaine Franz Ferdinand est de retour et on attend avec impatience les futurs concerts.

souls in motion pastels

PastelsSouls in Motion

À vrai dire je n'attendais pas grand-chose de la reformation d'Oasis et ce nouvel album des frères Gallagher confirme …... Comment ? …... Vous êtes certains ?......... Pourtant j'aurais juré que...... Ça alors !....
J'évite de peu une terrible méprise car en effet il ne s'agit pas, comme je l'ai cru de prime abord, d'un nouvel album d'Oasis mais de « Souls In Motion » d'un groupe de 5 musiciens originaires de Manchester, d'Irlande et du Pays De Galles nommé Pastel. Alors d'accord ce n'est pas Oasis mais pourtant tout y est, les guitares, trop souvent brouillonnes, la voix imitant celle, nasillarde et pleine de morgue de Liam. On se croirait vraiment au début des 90's, à l'époque de l'explosion des Mancuniens avec ces titres remettant au goût du jour ce rock anglais qui puisent ces origines dans le « Helter Skelter » ou le « Taxman » des Beatles, principale influence des frères Gallagher, évidemment jamais égalée. En effet, je n'ai jamais été transcendé par Oasis, alors pensez, une copie sans génie ne risque pas de m'émoustiller. On s'ennuie très vite à l'écoute de ces morceaux sans surprises, dont pas un ne se détache véritablement. On peut tout de même sauver « Leave A Light (On Velvet Storm) »plus tenu et accrocheur mais Pastel ne fait décidément pas dans la nuance, comme sur ce « Heroes' Blood » placé en ouverture qui donne le ton d'un album qui ne devrait pas passer à la postérité.

swirl flora hibberd

Flora Hibberd - Swirl

Mille fois plus intéressant est « Swirl », deuxième album d'une londonienne vivant à Paris nommée Flora Hibberd.

Pour situer l'univers musical de cette talentueuse musicienne, il faut aller chercher du côté de Laura Marling (critiquée dans le « En 4ème Vitesse » de novembre 2024) et surtout chez la Néo-Zélandaise Aldous Harding, c'est-à-dire la crème de la crème du folk actuel. Cependant on est loin ici, à l'instar des artistes sus-citées d'une musique près de l'os, cherchant le dépouillement. Bien au contraire, les arrangements sont ici luxuriants sans être envahissants, mettant en valeur la qualité extraordinaire des chansons. Les guitares se superposent, les claviers les enveloppent, les choeurs ajoutent une profondeur à des titres qui n'en sont que plus riches. Et quand, Flora Hibberd, le temps d'un «Baby» de rêve, cherche justement le dépouillement, elle touche en plein cœur. Tout au long des 11 titres du disque, nous sommes placés dans un cocon soyeux comme sur les superbes « Remote Becoming Holy » ou encore « Canopy ». Pas un seul faux pas depuis le parfait « Auto Icon » jusqu'à l'éblouissant final « Ticket » qui font de « Swirl » à coup sûr un des grands disques de ce début d'année tant il a l'étoffe de ceux qui durent.

humanhood the weather station

The Weather Station - Humanhood

Une nappe synthétique, une flute, quelques notes de piano cristallines, des percussions discrètes ouvrent l'instrumental « Descent », premier titre de l'album « Humanhood » du projet de l'artiste originaire de Toronto Tamara Lindeman The Weather Station, qui constitue une magnifique découverte de ce début d'année. Dès ce morceau en forme d'éveil à la nature, on est plongé dans un univers sophistiqué, aussi riche musicalement qu'inspiré. Pas de pauses entre les titres, reliés entre eux par de courtes pièces instrumentales qui assurent les transitions selon la tradition des concepts albums comme le bien nommé et synthétique « Passage ».

On retrouve ça et là des sonorités qui évoquent d'autres artistes en particulier les merveilleux Tunng sur l'impressionnant « Mirrors » tout en ruptures et percussions. C'est l'esprit de Talk Talk qui plane sur « Neon Signs » et certainement sur l'ensemble de l'album tant chaque détail y semble peaufiné. Ceux qui se souviennent des excellents School of Seven Bells en retrouveront l'esprit sur « Window ». Les expérimentations de « Irreversible Damage » rappelleront celles de Laurie Anderson et la douceur de « Lonely » n'est pas si éloignée des merveilles de Beth Gibbons. Mais jamais ces influences n'étouffent un album très original et personnel, qui n'a pas encore dévoilé toutes ses richesses.

look up ringo starr

Ringo StarrLook Up

Il est déjà temps de nous quitter, mais avant cela un petit mot sur le nouvel album de Richard Starkey alias Ringo Starr, célébrissime batteur des Beatles pour l'éternité. Mine de rien, il est au final le Beatle qui aura publié le plus d'albums en solo, ce « Look Up » nouveau étant me semble-t-il le 21ème. Si l'on est honnête, aucun n'est passé à la postérité par contre. Mais peu importe car Ringo a toujours été le Beatle le plus sympa, celui qui a arrondi les angles pendant les querelles d'égos des 3 autres. Et puis n'oublions pas quel grand batteur il fut au sein des Fab Four. Il mérite donc bien quelques lignes dans cette modeste chronique.

La pochette donne le ton d'un album placé sous le signe d'un country rock très classique. Rien d'étonnant quand on se souvient de « Don't Pass Me By » sur le double blanc, une des deux compositions de Ringo pour les Beatles, qui affichait déjà des airs du même genre. L'album est né d'une collaboration avec T-Bone Burnett, fameux musicien et producteur américain. Ce dernier écrit la quasi totalité des chansons, Ringo seulement une, la dernière de l'album nommée « Thankful ».

Bon on va pas se mentir, on s'ennuie quand même assez vite dans ce recueil de titres sans surprises mais dont aucun n'est indigne cependant. Les meilleurs étant « Breathless » et « Look Up » placés en ouverture. Le reste ne retient jamais vraiment l'attention, ce n'est pas mauvais mais je ne me vois pas réécouter le disque. Ça tourne rond mais un peu pour rien. On a déjà entendu ces chansons 10000 fois, en mieux.

Mais ce n'est pas grave, comme je l'ai dit, on adore Ringo Starr et on ne peut que lui dire merci pour tout.

Bon cette fois-ci c'est la bonne. Et pourtant, en cette fin de janvier les sorties affluent – Tunng, FKA Twigs, Mogwaï, Anna B. Savage - mais je n'ai pas le temps de les chroniquer, ce sera pour la prochaine fois ; « En 4ème Vitesse » bien entendu.

Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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