Les derniers mois de Brian Jones fondateur des Rolling Stones
Rédaction : Daniel Lesueur le 1 septembre 2023
L'occasion pour Poptastic Radio de revenir sur les débuts du plus grand groupe Rock du monde et plus précisément sur la triste fin de Brian Jones, son fondateur.
De nombreux musiciens de pop et de rock tombèrent très jeunes sous l'emprise de l'alcool et des drogues. Une situation très difficile à gérer dans les années soixante.
1967 marque une date dans l'histoire de l'usage des drogues chez les musiciens anglais : désormais, ils les mélangent toutes ensemble pour surmultiplier leur effet et y ajoutent de l'alcool à profusion. Le commun des mortels, lui, ignore souvent jusqu'à l'existence même de ces substances hallucinogènes.
Un bon sujet pour vendre des gazettes
"Une bonne fois pour toutes, oui ou non, les Rolling Stones se droguent-ils ?" s'interrogent les tabloïds. Le 5 février, Mick Jagger, dans le cadre d'un reportage intitulé "La Drogue et les pop stars", accorde une interview à News of the World. Il admet qu'il a déjà pris du LSD. Deux jours plus tard, il intente un procès pour diffamation au magazine qui aurait, selon lui, transformé ses propos. Mal lui en prend, car le 12 février, la police fait intrusion à son domicile et n'en ressort pas les mains vides. Procès et jugement sont prévus pour le mois de juin. Toute l'année 1967, les Stones et d'autres rois de la pop britannique seront soumis à la vindicte d'un haut fonctionnaire dont le rêve est d'emprisonner tous ces "dépravés" de chanteurs pop.
Mick Jagger ironise : « Durant un an, nous n'avons pas su qui entrait en prison et qui était dehors". Mais Brian Jones, qui n'a pas la santé physique ni morale de Mick, souffre comme un homme traqué.
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Fin juin, la police investit l'appartement de Brian Jones
Evidemment, elle y trouve ce qu'elle cherchait. Jones passe en jugement en octobre. Accusé de détention de cannabis, il plaide coupable. En revanche il réfute l'accusation du délit de détention de cocaïne et de méthédrine. Le guitariste est condamné à neuf mois d'emprisonnement. Mais après une nuit passée sous les verrous, son avocat parvient à le faire sortir sous caution.
En appel, le 12 décembre, la Cour se montre clémente, et le relaxe en raison de sa grande fragilité psychologique. Sa peine est réduite à 1 000 livres d'amende et trois ans de liberté surveillée... Il mourra avant la fin de cette période probatoire. Les psychiatres qui l'ont examiné sont unanimes, le jeune homme est profondément choqué, vulnérable, et a des tendances suicidaires.
Le guitariste fou semble faire des efforts
De juillet à septembre, il passe le plus clair de son temps en maison de repos, tentant de se « restructurer » et surtout d'échapper à l'emprise de la drogue et de l'alcool. N'empêche que les soins psychiatriques et la surveillance dont il fait l'objet lui pèsent, particulièrement ces perquisitions fréquentes qui l'incitent -en vain !- à déménager plus souvent qu'à son tour. Les autres Stones se détournent de lui. A leur décharge, il faut préciser que Brian est devenu insupportable, dégoulinant de lamentations sur son propre sort, agressif et méchant envers autrui. Il est devenu un boulet pour le groupe qu'il avait contribué à créer.
Le 15 décembre, Brian est conduit en urgence à l'hôpital
De moins en moins Rolling Stone à part entière, il se rend fréquemment à Tanger, au Maroc, pour se défoncer en toute liberté. Il ne semble plus, désormais, vouloir mettre un frein à sa consommation de substances hallucinogènes.
Le 21 mai 1968, Brian est une nouvelle fois arrêté pour possession de drogue
Il sera jugé début juin, et ne peut plus éternellement croire aux miracles : un jour ou l'autre, il ne pourra plus éviter la prison car un flagrant délit annule les dispositions précédentes. C'est un mort-vivant que Jean-Luc Godard immortalise (le plus souvent de dos) sur la pellicule de One Plus One.
Contre toute attente, jugé le 26 septembre pour toujours la même catégorie de délit, il s'en sort une fois de plus avec une peine minime, mais le juge l'incite à une extrême prudence : « Je vous traite comme un prévenu ordinaire, or vous êtes en liberté surveillée. Vous devez faire très attention car la prochaine fois ce sera vraiment sérieux ».
Fin 1968...
Avant que Brian ne parte en vacances à Ceylan, les Stones mettent en boîte l'émission de télé Rock'n'roll Circus. Eric Clapton est libre de remplacer Jones au sein des Stones, ce n'est pas la première fois qu'on évoque cette possibilité. Brian ne vient plus aux séances d'enregistrement : sur l'album "Let It Bleed", il apparaît juste sur "Love In Vain" tandis que Keith Richards assure tout le reste. Pendant le Rock'n'roll Circus, Jones a quand même fait acte de présence, assurant un service minimum.
La maison de Winnie l'Ourson
Puisqu'il ne trouve plus d'intérêt dans ce qu'est devenue la musique du groupe, Brian n'a plus besoin de résider à Londres. A une heure de route de la capitale, il fait l'acquisition de Cotchford Farm, propriété ayant jadis appartenu à Alan Alexander Milne, l'auteur de Winnie l'Ourson. C'est là, dans sa piscine, qu'on le retrouvera noyé le 3 juillet 1969 quelques jours seulement après qu'un communiqué officiel ait annoncé qu'il quittait les Rolling Stones. Depuis cette date, les rumeurs de crime ont galopé, mais ce n'est qu'en août 2009, quarante plus tard, que la police décida de rouvrir l'enquête !
Auteur infatigable, journaliste de la presse musicale, homme de radio, collectionneur passionné, producteur d'artistes...