Les Pixies empereurs à Salon de Provence
Rédaction : Gilbert Miot le 13 août 2024
Allo Claude ? C'est Gigi, à l'occasion de leur tournée européenne les Pixies font une date à Salon de Provence le 30 juillet 2024, tu sais ce que ça représente pour moi, alors on en profite pour faire un papier et des photos pour Poptastic ?
Petit coup d'oeil dans le rétroviseur pour rappeler l'importance du groupe originaire de Boston, l'histoire des Pixies démarre au milieu des années 80 et compte quatre membres. Le patron c'est le tyrannique Black Francis né Charles Thompson IV, également connu sous le pseudo Franck Black, il est le principal compositeur ainsi que chanteur/guitariste, son pote Joey Santiago, soliste inspiré tient le manche de la six cordes, le fantasque David Lovering derrière les fûts, la délicieuse Kim Deal s'improvisera bassiste.
Les influences du groupes sont principalement puisées dans le punk rock et la surf music des années 60, leur marque de fabrique sera fondée sur la richesse de mélodies accrocheuses avec ces fameux couplets calmes enchainés avec des refrains endiablés. La quasi totalité des paroles sont écrites et interprétées par Black Francis, les sujets abordés assez souvent morbides avec une obsession particulière pour les écrits bibliques et la science fiction. "Come On Pilgrim" leur premier EP sort en 1987, mais c'est un an plus tard avec "Surfer Rosa" leur premier véritable album qu'ils mettront la presse spécialisée à genoux, ce véritable ovni bouscule les repères du rock avec ses airs accrocheurs, son insouciance pop jusqu'au punk rock le plus primitif. "Doolitle" sorti en 1988 sera considéré comme leur plus grande oeuvre, les deux albums qui suivront seront également très bien accueillis avant que le groupe ne jette l'éponge en 1993 dans des conditions houleuses.
Fers de lance du rock alternatif du début des années 90
Le succès des Pixies sera relativement modeste dans leur pays d'origine mais le reste du monde et le public européen en particulier les vénèrent en se ruant massivement sur leurs tournées. Fers de lance du rock alternatif du début des années 90, les Pixies avec un statut de groupe culte, influenceront toute une génération de groupes de rock, en particulier la génération Grunge mais aussi la scène Britpop. Kurt Cobain grand fan de la formation de Boston, s'inspirera du fameux gimmick couplet lent/couplet rapide et obtiendra le succès planétaire avec Nirvana.
Les Pixies se reforment en 2003 et relèvent les compteurs à l'occasion de nombreuses invitations dans les festivals, il faudra attendre jusqu'en 2014 pour que la formation retrouve la direction des studios d'enregistrement, mais sans la bassiste Kim Deal régulièrement en conflit avec l'ogre Black Francis, elle jette définitivement l'éponge.
Discographie
Neuf albums studios, sans faire dans la nostalgie de bas étage, il faut reconnaitre que la période avant l'intermède de la séparation reste la plus jouissive, les deux premiers opus "Surfer Rosa" (1987) et "Doolitle" (1988) sont de purs chef d'oeuvres, indispensables dans une discothèque qui se veut décente. Les deux disques qui suivront, "Bossa Nova" (1990) et "Trompe le Monde" (1992) sont tout aussi recommandables.
Après l'intermède de la dissolution, le retour en studio avec "Indy Cindy" (2014) est relativement décevant, "Head Carrier" ( 2016) n'enthousiasmera pas plus que ça les foules, "Beneath the Eyrie" ( 2019) très largement supérieur à la production du moment marque un retour aux sources aussi réjouissant, quand à "Doggerel" (2022) sans retrouver la fougue d'antan est en quelque sorte l'album de la maturité pour un groupe hors norme.
Le très attendu "The Night The Zombies Came", leur dixième effort studio devrait sortir très prochainement.
Les Pixies en concert : tout en retenue et sérieux mais d'une intensité rare
C'est dans le somptueux cadre du Château de L'Empéri à Salon de Provence que le groupe US a fait souffler un vent de folie sur les quelques 3000 spectateurs venus assister à une des rares dates des Pixies en France.
En guise de hors d'oeuvre le power trio anglais The Pale White ouvre le bal avec un certain talent pour le sens du riff et une rythmique très accrocheuse.
Les légendes du son « Loudquietloud » finissent par débarquer devant votre serviteur ancré aux premières loges pour shooter avec son Reflex de boyscout un de ses groupes cultes (je bois du petit lait). Fidèles à leur habitude le groupe entame le concert par le monstrueux et hallucinant "Gouge Away", puis déroule avec une trentaine de titres dont une grande majorité de ceux qui ont construit leur légende. Voir les Pixies sur scène c'est surtout apprécier leur son si particulier, cette alternance de grâce Pop et de lourdeur fleurtant avec le Heavy Metal, aucune exubérance affichée, la messe est dite avec un professionnalisme qui force le respect. Franck Black ça n'est pas Iggy Pop ou Mick Jagger, pas du style à sauter comme un cabri dans tous les sens ou se jeter dans la fosse, le gars force le respect par son charisme et cette disposition à chanter dans un registre calme puis pousser la voix jusqu'à éructer à la manière d'un sanglier. Le ténébreux Joey Santiago donne la mesure de tout son talent avec une guitare et son arsenal de pédales à effets, capable de produire des sonorités baroques et stratosphériques tandis que Dave Lovering martèle ses fûts comme un sourd. La charmante mais discrète Emma Richardson remplaçante de la regrettée Paz Lanchentin, tient avec bonheur la basse en prenant à son compte d'un joli timbre de voix les rares chansons que naguère la bassiste historique Kim Deal avait autorisation d'interpréter.
Les Pixies ont parfaitement rempli le contrat au bout d'un concert d'une rare intensité de près d'une heure et demi, l'attitude tout en retenue et sérieux du quatuor lors du set fait place aux sourires de musiciens visiblement heureux en saluant un public ivre de bonheur qui leur livre une ovation chaleureuse.
Je peux mourir en paix, j'ai enfin pu voir sur scène le plus grand groupe de rock alternatif de l'histoire.
Gilbert "Gigi" Miot est à l'origine de la création du groupe Facebook de la radio, le bien nommé "Le Pub Poptastic". Bon vivant, volontaire pour aider la cause "Rock anglais", il agit en permanence avec ses acolytes du Pub et notamment Franck Commarmond, modérateur également, pour fire vivre et animer notre groupe de passionnés.