Dans les années 90, quand on évoque la Nouvelle Zélande, c'est plutôt pour parler de son équipe de rugby, les fameux All Blacks, et de sa superstar Jonah Lomu. Célèbres et craints dans le monde entier avec leur haka, les hommes en noir règnent jusqu'alors sur la planète rugby même si, en 1979, les Bleus de Rives et Galion avaient fait plier les Blacks sur leur propre terrain à Auckland. Mais c'est une autre histoire, une autre époque.
Vu d'ici donc, à part le rugby, la Nouvelle Zélande n'évoque pas grand-chose à grand-monde à l'époque. Nous aurions été bien en peine de citer le nom d'un seul groupe de rock ou de pop Néo-Zélandais. Et pourtant, certains ont déjà repéré l'existence d'un label rock indépendant fondé en 1981 à Christchurch et nommé Flying Nun Records. Il sera le vivier d'une scène d'une richesse incomparable et popularisera ce que l'on appellera alors le « Dunedin sound ». On peut citer des groupes tels que The Clean, The Chills (dont je reparlerai ultérieurement dans cette rubrique), The Verlaines ou un artiste comme Chris Knox. Je remercie l'excellent Bernard Lenoir, qui prêchait la parole divine depuis son studio de France Inter tous les soirs, et bien sûr le magazine Les Inrockuptibles, la Bible dans les 90's, d'avoir fait connaître nombre de ces groupes signés sur ce label et d'avoir montré qu'aux antipodes, le rock et la pop pouvaient briller de mille feux.
En 1991, l'année même où les All Blacks perdent la Coupe du Monde gagnée en 1987, j'entends chez Lenoir un titre qui respire la fraicheur et la simplicité, aux guitares en étendards et à la mélodie addictive, intitulé « Dancing As The Boat Goes Down ». Le titre, immédiatement accrocheur, fait souffler le vent des grands espaces et apporte une bouffée d'oxygène. On y entend du violon et des choeurs enthousiasmants sur le refrain. C'est comme si une grande chanson folk avait été électrifiée, accélérée et jouée le vent dans les cheveux. Dès que c'est possible je me procure le CD de l'album dont la chanson est extraite. Celui-ci se nomme « Fear of God ». Il est signé par un groupe qui m'était alors totalement inconnu, originaire de Christchurch en Nouvelle-Zélande : The Bats.