Au début des années 90, la pop anglaise se dotait d'un son nouveau, fait de murs de guitares noisy dans lesquels se noyaient des voix blanches éthérées et des mélodies vaporeuses.
Peut-être faut-il remonter au « Psychocandy » (1985) de The Jesus and Mary Chain pour en retrouver l'origine mais c'est bien My Bloody Valentine avec son « Loveless » (1991) qui poussera le genre jusqu'à son point de non-retour. Le groupe ne se relèvera pas d'ailleurs de cet album -somme qui aura repoussé les limites des expérimentations de son sorcier Kevin Shield. Cependant c'est toute une mouvance qui va se développer alors avec en particulier deux groupes phares : Ride et Slowdive.
Les albums « Nowhere » (1990), « Going blank again » (1992) des premiers ainsi que « Just for a day” (1991) et “Souvlaki” (1993) de Slowdive sont aujourd'hui des disques majeurs du début des 90's et représentatifs du son « shoegaze », nom donné à ces musiciens qui le nez dans leurs pédales d'effets donnaient l'impression de regarder leurs chaussures.
Ride et Slowdive ont connu des carrières similaires, écloses en même temps. Ils furent à leur apogée au tout début des 90's avant de se séparer en leur milieu. Les deux groupes sont revenus au-devant de la scène en 2017 opérant leur come-back, réussi, en même temps. L'album éponyme « Slowdive » (2017) va prendre tout le monde par surprise par sa qualité, l'inspiration du groupe de Reading fondé par Neil Halstead restée intacte. L'album fut salué par la critique et le public. Il faudra donc attendre 7 années de plus pour un nouveau retour de Slowdive avec « Everything is alive », une nouvelle fois gagnant.
En effet, derrière la pochette mystérieuse et labyrinthique du disque se cachent 8 titres à l'inspiration toujours brillante. Slowdive a le bon goût de publier des albums courts, extrayant la quintessence de leur art et remettant le shoegaze au centre du terrain.
Une boucle électronique, quelques notes de clavier puis un mur de guitares noisy et nous sommes déjà en terrain connu. Ainsi débute « Shanty », premier titre de la face A, avant que les voix éthérées, quasi vaporeuses qui sont la marque du groupe ne s'installent. Le morceau s'étire ainsi, hypnotique, pour une entrée en matière idéale même si un peu prévisible. On rentre cependant dans le vif du sujet avec le magnifique instrumental au ralenti qu'est « Prayer remembered ». Nous sommes presqu'en apnée comme si The Cure transportait ses noirceurs dans l'espace sur une planète gazeuse aux contours indistincts et c'est somptueux. On sort de cette torpeur avec « Alife », immense réussite mid-tempo qui conjugue une mélodie pop imparable sur laquelle virevoltent des arpèges de guitares et cette atmosphère shoegaze maitrisée à la perfection qui s'appuie sur une ligne de basse ronde. Les voix de Rachel Goswell et Neil Halstead s'imbriquent et se complètent idéalement.