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Les Lemon Twigs nous mettent la tête à l'envers

Rédaction : Christophe Billars le 3 août 2024

La pochette du déjà 5ème album des Lemon Twigs, créature des frères Brian et Michael d’Addario , « A dream is all we know » a le mérite d’être assez claire : il nous met la tête à l’envers.

8 ans se sont écoulés depuis leur formidable premier essai « Do Hollywood » (2016) sortis alors qu’ils n’avaient même pas 20 ans. Les natifs de Long Island y proposaient déjà ce qui est devenu depuis leur marque de fabrique, une musique totalement ancrée dans la pop des 60’s et des 70’s, flamboyante, brillante, inspirée par leurs modèles absolus : les Beatles, les Beach Boys et le courant glam du début des 70’s. Ils ont d’ailleurs inventé un mot on ne peut plus adéquat pour qualifier leur musique : « Merseybeach ». Tout est dit semble-t-il. Et pourtant non car après cette petite introduction, le lecteur pourrait légitimement se dire que voilà un énième groupe de suiveurs, se contentant de ressasser, sans jamais leur arriver à la cheville, les idées de modèles inatteignables. Ce serait aller bien vite en besogne car ici point de nostalgie rance mais seulement de la passion, des escadrilles d’idées géniales, de la flamboyance, des mélodies à tomber, des arrangements brillants. Et du coup, le duo réussit l’exploit de rendre cette musique inspirée du passé moderne et actuelle.

Sur « A Dream Is All We Know », le pouvoir créatif des frères d’Addario semble inépuisable. Il suffit d’écouter l’extraordinaire premier morceau on ne peut mieux nommé « My Golden Years » pour s’en convaincre. Le titre est un morceau pop solaire aux guitares carillonnantes, aux chœurs qui s’envolent et à la mélodie tellement évidente qu’elle rentre immédiatement dans la tête pour ne plus en sortir. Un tube parfait.

Et bim, on enchaîne avec le Beatlesien « They Don’t Know How To Fall In Place », aussi imparable que le titre précédent, blindé de chœurs angéliques. Arrive alors « Church Bells », petit bijou de pop délicate qui aurait pu être écrit par les Kinks puis la chanson-titre « A Dream Is All We Know », ballade mid-tempo striée par la guitare électrique, allégée par les chœurs et emportée par une mélodie sucrée. Outre son titre « plus Beach Boys tu meurs », « Sweet Vibrations » est une adorable chanson au piano dominant qui pourrait être un titre de Mc Cartney. « In The Eyes Of The World » accueille Sean Ono Lennon à la basse mais cette fois singe un peu trop, par son côté mielleux de pop pour midinettes 50’s, les Beach Boys. Les harmonies vocales sont cependant parfaites.

La face B démarre par « If You And I Are Not Wise » et contrairement au disque, la sauce n’a pas tourné. On retrouve une pop sucrée et mélancolique enrobée de chœurs sixties qui s’accélère quelque peu sur un « How Can I Love Her More ? » qu’on jurerait sorti de « Pet Sounds » (1967) l’album mythique des Beach Boys et grand œuvre de Brian Wilson. Tout y est, depuis la mélodie ensoleillée jusqu’aux arrangements de cordes, de cuivres et les harmonies vocales. C’est encore aux garçons de plage que l’on pense sur la délicate « Ember Days » qui repose sur un tapis de cordes soyeux. « Peppermint Roses », le titre suivant est certifié McCartney tant l’influence de Sir Paul plane au-dessus de ce morceau à peine psychédélique à la mélodie changeante, preuve définitive de l’incroyable talent de songwriter des frangins.

C’est d’ailleurs sous la tutelle de Macca que se referme l’album. D’abord avec la dentelle acoustique qu’est « I Should’ve Known Right From The Start » et enfin avec « Rock On (Over And Over) », fantastique croisement entre T-Rex et les Wings qui serait un classique si elle avait été écrite dans les 70’s. « We need to find a way out / So rock on/ Over and over » - Message reçu 5 sur 5.

« A dream is all we know » a le calibre d’un grand disque. À la fois hommage sans fard aux glorieux ainés et démonstration qu’on peut faire du neuf avec du vieux quand les chansons sont de qualité, et de ce côté-là, The Lemon Twigs ont montré qu’ils savaient y faire.

Auteur
christophe billars

Passionné de musique, lui-même musicien, compositeur et parolier. Sur Poptastic, Christophe livre régulièrement des critiques affûtées sur les albums d'artistes britanniques ou en rapport avec la scène musicale britannique.


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